

Coqs

Canards

La Dinde

La Pintade

Les Pigeons

Le Paon

Le Cygne

Le Chien

Le Boeuf

Le Cheval

Le Taureau
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Jules Renard
Histoires Naturelles
illustré par Henri de Toulouse-Lautrec
Un homme
grand et un nabot disgracié, l'auteur de Poil de carotte
et le portraitiste de La Goulue, deux artistes de la «
Belle Epoque » morts jeunes, déjà victimes de leur
légende, Jules Renard et Toulouse-Lautrec s'associèrent
un jour. Parmi ses exquises Histoires naturelles l'écrivain
choisit vingt-deux textes, le peintre exécuta vingt-deux admirables
lithographies et, en 1899, l'éditeur Floury tira 100 exemplaires
de ce chef-d'oeuvre. L'ouvrage n'eut strictement aucun succès et
dut être ultérieurement soldé. C'est aujourd'hui l'un
des plus recherchés parmi les grands illustrés modernes
!
Jules Renard
et Toulouse-Lautrec sont nés tous deux en 1864. Ils ont quarante
ans lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois. L'écrivain
a, selon d'Esparbès, « dès l'abord, l'air d'un monsieur
pincé, qui a bu du verjus et qui se méfie. Cause peu, écoute
par l'oeil qui semble même perdu dans les paupières, dilaté
comme certains yeux de reptiles. Une barbe maigre et dure, d'un or mat,
allongée en langue d'aspic ; un front bombé dont la boursouflure
puissante écrase l'arcade sourcilière ». Il a déjà
publié une plaquette de vers, Les Roses, un roman, L'Ecornifleur,
des recueils de nouvelles, Sourires pincés, La Lanterne sourde,
Le Vigneron dans sa vigne... et vient d'obtenir un certain succès
avec la suite de récits qui a pour titre Poil de carotte.
A cause de ce dernier ouvrage, Toulouse-Lautrec désire le voir.
La visite de ce curieux personnage dont les expositions ont été
bien accueillies par la critique et qui est l'auteur d'affiches célèbres
flatte Renard qui, dans son journal, brosse ainsi le portrait
de son hôte :
« Lautrec
: un tout petit forgeron à binocle. Un petit sac à double
compartiment où il met ses pauvres jambes. Des lèvres épaisses,
et des mains comme celles qu'il dessine, avec des doigts écartés
et osseux, des pouces en demi-cercles. Il parle souvent de petits hommes
avec l'air de dire : « Je ne suis pas si petit que ça, moi
! »
« Il
a sa chambre dans une « maison », est bien avec toutes ces
dames, qui ont des sentiments exquis, inconnus des femmes honnêtes,
et qui posent admirablement. Il est aussi propriétaire d'un couvent,
et il va du couvent à la « maison ».
« Il
fait mal d'abord par sa petitesse, puis très vivant, très
gentil, avec un grognement qui sépare ses phrases et soulève
ses lèvres, comme le vent les bourrelets d'une porte.
« Il
a la taille de son nom...
« Et
toujours le grognement, et toujours le désir de raconter des choses
« tellement bêtes qu'elles sont bien ».
« Et
des bulles de bave volent à ses moustaches. »
Un peu plus
tard, Renard écrira à son propos : « Plus on le voit,
et plus il grandit. Il finit par être d'une taille au-dessous de
la moyenne. » Et encore « Lautrec est si petit, dit Mme T.
Bernard, qu'il me donne le vertige. » Mais, après avoir admis,
en 1894, que Lautrec « a tout de suite fait hardi et vilain. Il
me paraît surtout curieux d'art. Je ne suis pas sûr que ce
qu'il fait soit bien, mais je sais qu'il aime le rare, que c'est un artiste.
Ce petit homme qui appelle sa canne « mon petit bâton »,
qui soufre certainement de sa taille, mérite, par sa sensibilité,
d'être un homme de talent », Jules Renard reconnaît,
l'année suivante, que « Lautrec dessine admirablement ».
Les deux
chasseurs d'images se comprennent, ils ont une égale sensibilité
lucide, une même aptitude à la souffrance, un amour semblable
du vrai. Renard travaille à ses Histoires naturelles,
consacrées aux humbles animaux connus de Poil de carotte. Il ne
demande rien à Aristote, Pline ou Buffon ; il décrit simplement
ce qu'il a vu avec le secret espoir d'être « agréable
aux animaux mêmes ». Il voudrait, s'ils pouvaient lire, «
que cela les fît sourire ». A la fin de l'année 1895,
Lautrec propose à Renard d'illustrer une huitaine de ces Histoires,
de vendre cent exemplaires à 25 francs chacun et de partager les
bénéfices. Ce projet ne verra pas le jour sous cette forme.
En 1896, lorsque paraît chez Flammarion la première édition
des Histoires naturelles - comportant 45 textes - l'ouvrage est
orné simplement par deux vignettes de Félix Vallotton. Signalons
tout de suite que la nouvelle édition de Flammarion, en 1904, comporte
70 textes, que celle de Fayard, en 1909, illustrée par Benjamin
Rabier pour la « Modern Bibliothèque », offre 83 textes,
que l'édition Bernouard des Oeuvres complètes en
propose 85 et que les nouvelles éditions de Flammarion sont illustrées
par Bonnard.
Mais les
22 Histoires naturelles de Toulouse-Lautrec, c'est autre chose
et c'est d'abord du Toulouse-Lautrec, de même que les 5 Histoires
naturelles de Ravel, c'est surtout du Ravel. La composition des 22
planches représente pour Lautrec la tâche essentielle de
l'année 1898; elle permet à son profond amour des bêtes
de s'épanouir à nouveau. Chaque jour, ou presque, il se
rend au Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, s'assied sur un pliant
devant les cages et dessine. Avec le tamanoir et le tatou, une sympathie
particulière naît et l'on assiste, selon Thadée Natanson,
à « un attendrissant échange de gentillesses affectueuses
». Devant un mouflon de l'Himalaya il découvre le bélier
nivernais. Lautrec se fait expédier de l'Isle-Adam, dans un carton
de modiste, un crapaud qu'il gardera dans son atelier. Un jour l'animal
s'échappera dans l'avenue Frochot.
En 1899,
le livre paraît et Toulouse-Lautrec, qui n'a plus que deux années
à vivre, est interné, à la suite d'une crise de delirium
tremens, dans la maison de santé du docteur Semelaigne à
Neuilly. Il y exécute notamment sa suite de dessins sur le Cirque.
Après sa libération, il travaille encore, par crises, mais
sa technique n'est plus la même. Frappé d'une attaque de
paralysie le 2o août 1901, il s'éteint dans la nuit du 8
au 9 septembre après avoir murmuré : « Maman... Vous!
Rien que vous! » Et puis : « C'est bougrement dur de mourir!
»
Moins de neuf
années plus tard, le 22 mai 1910, Jules Renard mourra à
son tour. Il avait, en août 1901, noté dans son journal :
« Je regarde enfin les bêtes pour contrôler mes Histoires
naturelles ».
Aujourd'hui,
nous lisons Jules Renard et nous regardons les lithographies de Toulouse-Lautrec
« pour contrôler » les bêtes.
La présente
édition se trouve enrichie de quatre planches complémentaires
ayant servi à l'élaboration par Toulouse-Lautrec des Histoires
naturelles. Pouvant être datées de 1897, elles représentent
les premières recherches de l'artiste et offrent de ce fait un
particulier intérêt.
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Le chien Colley (identifié à
tort pour un cochon)
apparition du thème des Histoires Naturelles. 1897 |
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Le cerf. 1897
épreuve de tirage avec mention de Toulouse-Lautrec :
"Bien tenir les jambes de derrière dans le ton" |
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L'épervier.
pensée pour les Histoires Naturelles. 1897
2° état avec monogramme très rare |
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Projet de couverture des Histoire
Naturelles. 1897
rare épreuve avec indication des dimensions du volume projeté. |
Outre le présent ouvrage, la collection « LES PEINTRES DU
LIVRE » comprend les oeuvres suivantes :
Les Fleurs du Mal de Baudelaire illustré par Goerg
Parallèlement de Verlaine illustré par Bonnard
Le Cantique des Cantiques illustré par Mariette
Lydis
Le Grand Testament de François Villon illustré
par Jacques Villon
Contes de la Fontaine illustré par Fragonard
Le livre de Monelle de Marcel Schwob illustré par
Léonor Fini
Poésies de Mallarmé illustré par
Matisse
Les Désastres de la guerre illustré par
Goya Texte de Elie Faure
Le Nouveau Testament illustré par Rembrandt
Trois histoires extraordinaires d'Edgar Poe illustré
par Michel Ciry
Le chef-d'oeuvre inconnu de Balzac illustré par
Picasso
Chansons pour elle de Verlaine illustré par Matisse
L'Apocalypse illustré par Dürer
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L'Ane

Le Cochon

Les Moutons

Le Bouc

Les Lapins

La Souris

L'Escargot

Le Crapaud

L'Araignée

Le Cerf

L'Epervier
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